Une nouvelle approche thérapeutique dans les pathologies dentaires
(résumé du travail de 28 pages avec 123 références bibliographiques)
Le rôle de l’acide hyaluronique
L’acide hyaluronique est une molécule largement utilisée dans différents secteurs de la médecine. Sa grande biocompatibilité est à l’origine d’un profil de sécurité très élevé.
Ses propriétés biochimiques et pharmacologiques font de l’acide hyaluronique un produit de grande efficacité et de très grand potentiel pour la pathologie dentaire. Ses propriétés cicatrisantes et régénératrices pour le tissu conjonctif sont largement utilisables pour le traitement des atteintes chirurgicales ou traumatiques. Ses effets anti-inflammatoires et anti-oedémateux, alliés à sa capacité à former une barrière protectrice, le recommandent pour son efficacité, dans le traitement des affections du parodonte et dans les maladies de la muqueuse buccale comme les stomatites aphteuses.
Les nombreuses preuves cliniques ont désormais confirmé le rôle thérapeutique de l’acide hyaluronique dans le rétablissement de la structure et de la fonctionnalité tissulaire dans les cas de gingivites de différentes origines, ainsi que dans la régénération et la réparation consécutives aux opérations chirurgicales.
L’acide hyaluronique, utilisé après l’intervention dentaire, a généralement montré un effet thérapeutique et prophylactique significatif, favorisant la cicatrisation, réduisant la rougeur et l’inflammation de la muqueuse marginale et de la papille inter-dentaire, avec une réduction significative de l’indice de saignement du sillon gingival, et un excellent degré de tolérance et d’acceptation de la part des patients.
L’utilisation en pathologie dentaire exige une attention particulière du fait de la présence dans la cavité buccale de micro-organismes opportunistes, dont certains sont hautement virulents et peuvent modifier de manière significative la réponse au traitement par l’acide hyaluronique. L’usage local simultané de principes actifs capables de protéger l’acide hyaluronique de l’agression bactérienne peut en améliorer nettement les effets en termes d’efficacité et de durée d’action.
Le rôle de l’huile d’arbre à thé (Tea Tree Oil, TTO)
Dans ce sens, la médecine naturelle nous offre de nombreux principes actifs dont certains se sont révélés aussi efficaces que les produits de synthèse. Un exemple évident est représenté par l’huile essentielle de Melaleuca Alternifolia connue aussi comme Tea Tree Oil (TTO), l’huile d’arbre à thé, dont les effets bactériostatiques sont bien connus et appréciés (103), au point qu’il est devenu l’antibiotique naturel par excellence.L’activité antibactérienne et germicide de l’huile de Melaleuca s’applique aussi aux bactéries anaérobies au niveau de la cavité buccale (106, 107).
Les études in vitro (106, 112) utilisant un collutoire ou un gel à base de TTO en avaient confirmé l’efficacité contre l’Actinobacillus actinomycetemcomitans, le Fusobacterium nucleatum et le Porphyromonas gingivalis. Le Streptococcus mutans et le Prevotella étaient par contre moins sensibles. En particulier, le TTO réduit aussi l’adhésivité du Streptococcus mutans et de manière encore plus spécifique, inhibe l’adhésivité du Porphyromonas gingivalis.
Les études cliniques récentes (114, 115) ont confirmé l’efficacité du TTO sur la formation de la plaque dentaire et dans les gingivites chroniques. Les résultats obtenus indiquaient que le TTO réduisait significativement l’indice d’inflammation gingival et l’indice de saignement. Toutes ces études indiquent que des gels ou des collutoires contenant le TTO peuvent être des adjuvants utiles dans la thérapie des parodontopathies.
L’association de l’acide hyaluronique et du TTO peut donc s’avérer importante pour l’efficacité de cet extrait naturel sur les micro-organismes periodontopathiques comme le Porphyromonas gingivalis (cause principale de la périodontite et de la gingivite), l’Actinobacillus actinomycetemcomitans (responsable de la formation de la plaque), le Fusobacterium nucleatum, le Streptococcus mutans et le Streptococcus sobrinus.
Le rôle du Méthyl-Sulfonyl-Méthane (MSM)
L’efficacité de l’acide hyaluronique peut être augmentée par une réduction de la dépolymérisation, ce qui contribuerait à mieux protéger son intégrité structurelle.
Il est plausible que l’inhibition spécifique des hyaluronidases bactériennes puisse empêcher les bactéries pathogènes de dépolymériser l’acide hyaluronique, qu’il soit d’origine endogène ou exogène, préservant ainsi son intégrité structurelle avec pour conséquence le maintien des effets biologiques protecteurs, anti-inflammatoires, cicatrisants, et régénérateurs sur les tissus du parodonte.
Une étude récente a mis en évidence, pour la première fois, les effets inhibiteurs du Méthyl-Sulfonyl-Méthane (MSM) sur la hyaluronidase bactérienne. Le MSM est une substance d’origine naturelle dont on connaît les effets antalgiques (118) mis en évidence également dans certaines études cliniques (119, 121). Il est capable de protéger de façon spécifique l’acide hyaluronique à poids moléculaire élevé de la dépolymérisation induite par la hyaluronidase bactérienne avec une valeur d’IC50 de 3,5 mM (122).
L’usage clinique de l’Acide Hyaluronique, de l’Huile d’Arbre à Thé et du Méthyl-Sulfonyl-Méthane
Ces résultats ont été confirmés cliniquement par une étude récente conduite avec un dispositif médical nouveau, genial-htm, grâce auquel on a testé l’efficacité de l’acide hyaluronique à poids moléculaire élevé en association avec l’huile d’arbre à thé et le MSM (123), sous forme de gel bioadhésif spécifique pour la muqueuse orale et gingivale.
Même si bon nombre de ses fonctions font encore l’objet de recherches, au cours des 20 dernières années, plusieurs propriétés biologiques et cliniques ont été mises en évidence, de sorte qu’aujourd’hui, l’acide hyaluronique est largement utilisé en ophtalmologie, rhumatologie, dermatologie, ingénierie tissulaire et plus récemment, en pathologie dentaire et en chirurgie maxillo-faciale. Ces multiples utilisations viennent du fait que ses fonctions biologiques peuvent être attribuées aussi bien à ses propriétés physico-chimiques qu’aux interactions spécifiques qu’il entretient avec les cellules et avec d’autres composants de la matrice extracellulaire.
Fig. 1
Fig. 2
Les brillants résultats cliniques, (Fig. 1 et 2) obtenus par l’utilisation de cette association sur patients affectés de différentes pathologies parodontales, confirment les bénéfices cliniques de la présence concomitante de TTO (avec ses effets bactériostatiques sur les agents pathogènes de la cavité buccale) et du MSM (avec sa capacité d’inhibition spécifique des hyaluronidases bactériennes). Les deux principes actifs à travers mécanismes différents peuvent réduire la pathogénicité des bactéries de la cavité buccale et concourir à potentialiser en manière synergique les effets réparateurs et anti-inflammatoires de l’acide hyaluronique dans les pathologies parodontales.
Bibliographie
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